Vendredi 5 décembre
Petite balade en famille pour Elsy cette semaine à la découverte du Montmartre secret, de ses beaux moulins, de ses rues pavées à l’écart du célèbre Sacré Cœur où se pressent les touristes pour voir une autre facette de ce quartier pittoresque aux allures de petit village perché et caché.
On y chemine sur les traces des artistes qui ont adopté ce quartier au fil du temps : Picasso, Matisse, Modigliani au Bateau Lavoir ou encore Apollinaire, Renoir ou Verlaine que l’on croit apercevoir par la fenêtre du célèbre cabaret Le Lapin agile.
En contrebas du Sacré Cœur et de la place du Tertre, la Tour Eiffel éclairée dévoile sa majestueuse silhouette étincelante. On replonge alors dans l’atmosphère enchantée d’Amélie Poulain…
Avant de terminer par le Moulin de la Galette, pour retrouver Renoir et Van Gogh
Et enfin le Moulin Rouge…
Au Lapin Agile
Lapin, mon vieux Lapin Agile !
Hier,
Quand je me suis trouvé devant tes volets verts,
De petite maison pour idylle, Champêtre…au théâtre de la grand’ville,
J’ai revu ton visage d’autrefois
Quand nous venions chez toi,
Pour la première fois,
O jeunesse
Bondissante…
Frédé
Qui semblait nous attendre
Dans sa barbe grise
Et comme accoudé à l’heure tendre du crépuscule
Toujours assis sur la même des deux bornes
Qui coupent à cet endroit la rue des Saules
Et, avec le petit escalier en aval,
Délimitent la frontière
De ce pays de rêve et de poésie
Dont tu es, Lapin, mon vieux Lapin Agile,
Entre la rue Paul-Féval
Et la rue Saint-Vincent,
La plus petite, la plus célèbre
Et, dans le monde entier, l’unique capitale…
Frédé
En bonnet de fourrure, l’hiver
Et l’été
en bonnet de velours côtelé
Et chaque soir, quelque fût la saison,
Un large foulard rouge
Autour du cou
nous recevait déjà comme une ombre
Mystérieuse et légendaire
De Tavernier du Quai des Brumes
Ainsi gravé, ainsi chanté par ses peintres poètes
O Max Jacob…O Mac Orlan… ! (…)
Lapin, mon vieux Lapin Agile
Après dix ans je t’ai revu hier !
C’était à l’heure fiévreuse où les théâtres de la ville
Déglutissent leurs foules, fourmis de chair,
Et d’âme qui regagnent leurs nids ou montent vers
Montmartre…
je t’ai revu
dans cette rue
De petit village de montagne que traverse,
Comme un ruisseau de lune bordé de vignes,
La rue saint Vincent
Rue saint Vincent que signe
Eternellement
avec son immortelle chanson,
le nom
d’Aristide Bruant…
O Jeunesse.
Nous venions chez toi,
Fils de Frédé,
Héritier du grand chansonnier,
Nous venions, Paulo, écouter ta goualante
Et c’était, s’il te souvient : « Je m’embarquerai… »
Te répondait ton Yvonne ravissante
Et tu chantais penché vers elle,
ta guitare en forme de barque… (…)
Sallaberry lançait sa tyrolienne,
A ta guitare, écho éolien,
Répondait la harpe de la petite nièce
Du père de « Louise »…
Alors, dans la petite pièce du fond
venait se glisser comme un fantôme,
Du « Temps des cerises » et de la « Bohème »,
Francis et son cœur,
Francis Carco
dans sa cape et sous son grand feutre,
Et toi Paulo,
Sous ta casquette à pont de Patron, à son bord,
Commandant la bordée,
soupirait à ce moment-là : « Quelle soirée « ! (…)
…Ce soir Lapin, mon vieux Lapin Agile
Derrière tes petits volets verts de maison de village de montagne que traverse comme un ruisseau de lune
Bordée de vignes la rue saint-Vincent
Ta lampe est toujours là
Dont ta fenêtre, trou de lumière, brille étincelante dans l’ombre,
Comme dans son monocle brillait,
Lampe de pensée,
L’oeil de Max Jacob (en habit) écoutant chanter
Marcel Couté (en sabots) et Jehan Rictus (en godillots)
Tant que ta lampe brillera de tes veillées
L’âme de Montmartre vivra
Et tu sais bien,
que sans Montmartre,
PARIS se périrait
Sans Montmartre,
PARIS ne serait plus PARIS
Tu le sais bien
Lapin, mon vieux Lapin Agile.
« Paris vivant » – Jean-Louis Vallas
jolie promenade à la fois féérique et poétique
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